Organe d'information des Œuvres Pontificales Missionnaires depuis 1927
Buenos Aires (Agence Fides) - " Je pars pour l'Argentine. Nous aidons les personnes à s'installer en Argentine, à obtenir la résidence permanente et un passeport, qui ouvre l'accès sans visa à 170 pays du monde ", annonce le site RuArgentina.com, qui propose un forfait comprenant, entre autres, l'hébergement à Buenos Aires, l'assistance médicale, l'aide d'un traducteur et la gestion des documents pour les femmes enceintes. Actuellement, les principaux bénéficiaires sont les femmes russes enceintes qui sont "encouragées" à fuir la guerre qui oppose depuis un an les populations de Russie et d'Ukraine.
Selon une enquête menée par l'organisation nationale Migraciones, il existe une organisation qui, "en échange d'une importante somme d'argent, propose aux femmes russes enceintes un forfait touristique pour l'accouchement avec leur passeport argentin comme motif principal de voyage". De nombreuses futures mères ont commencé à arriver en masse dans le pays d'Amérique latine au second semestre 2022, quelques mois après l'invasion russe en Ukraine. Ce contexte tragique alimente également la corruption à l'étranger. Le droit national argentin permet aux étrangers qui ont un enfant argentin d'obtenir immédiatement la résidence permanente, tandis que deux ans de résidence ininterrompue dans le pays sont nécessaires pour obtenir la citoyenneté.
Le problème a explosé entre mercredi 8 et jeudi 9 février derniers, lorsque les services d'immigration ont arrêté six femmes russes enceintes qui venaient d'atterrir à l'aéroport international d'Ezeiza, en les accusant d'être de "fausses touristes". Les six femmes ont présenté un habeas corpus, qui consacre le principe d'inviolabilité personnelle, et le vendredi 10 février, un juge fédéral a ordonné qu'elles soient autorisées à entrer dans le pays après avoir passé, dans certains cas, plus de 48 heures sur une chaise à l'aéroport. Les réseaux de traite des êtres humains, qui font de fausses promesses en échange de grosses sommes d'argent, sont une chose, et le droit des femmes d'entrer en Argentine et d'y avoir leurs enfants en est une autre. Elles sont des victimes", a expliqué l'avocat de trois des six femmes détenues à l'aéroport.
Dans la même nuit du vendredi 10, peu après la décision de justice, 33 femmes russes enceintes entre 32 et 34 semaines sont arrivées à Buenos Aires sur un vol d'Ethiopian Airlines en provenance d'Addis-Abeba.
Sur les 985 accouchements auxquels nous avons assisté en 2022, 85 étaient destinés à des femmes russes, dont 37 pour le seul mois de décembre. Cette tendance se poursuit', a déclaré le chef du département de la jeunesse maternelle et infantile de l'hôpital Fernández, l'un des centres de santé publique les plus reconnus de Buenos Aires.
Les centres de santé publique du pays traitent les patients gratuitement, qu'ils aient ou non des papiers argentins. "Nous ne leur demandons pas comment ils sont arrivés en Argentine, mais il est clair qu'il y a une organisation derrière tout cela", a ajouté le responsable.
Comme le rapporte le directeur national de Migraciones, 10 500 personnes de nationalité russe sont entrées en Argentine en 2022 et 5 819 d'entre elles étaient des femmes enceintes. Les victimes sont attirées par la promesse qu'une fois qu'elles auront accouché en Argentine, elles et leurs maris, en tant que parents, pourront obtenir la citoyenneté en peu de temps.
L'obtention de la citoyenneté est un processus difficile qui prend plusieurs années", a déclaré le coordinateur du programme pour les migrants et les réfugiés de l'Institut national contre la discrimination (Inadi). Si les organisations promettent aux femmes russes un passeport en quelques mois, elles mentent ou il y a des pots-de-vin derrière tout cela".
"Ils ne viennent pas en Argentine en tant qu'immigrants, pour travailler et chercher un avenir meilleur, comme l'ont fait de nombreux Russes au cours de plusieurs vagues d'immigration. Le seul billet de Russie en Argentine coûte environ 3 000 dollars", a déclaré la directrice du Conseil de coordination des organisations de compatriotes russes en Argentine, qui regroupe 23 institutions communautaires de tout le pays. Née en Argentine et fille d'un père ukrainien et d'une mère russe, elle affirme que les personnes qui arrivent dans le pays d'Amérique latine sont des personnes de bonne condition économique qui profitent de l'ouverture de l'Argentine à l'accueil des étrangers.
Le juge a ordonné l'ouverture d'une procédure pénale afin de déterminer s'il existe une organisation qui favorise l'arrivée de femmes russes enceintes et les escroque.
L'Argentine est un pays qui s'est nourri des vagues de migration européenne de la fin du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle. Elle respecte les droits des migrants dans sa citoyenneté et sa législation, et se considère comme une terre d'accueil pour les étrangers en détresse, comme ce fut le cas ces dernières années avec les Vénézuéliens arrivés en masse.
(AP) (Agence Fides 18/2/2023)
