ASIE/IRAQ - Alerte du Patriarche chaldéen Sako : la crise mondiale et la guerre en Ukraine aggravent l'exode "choquant" des chrétiens du Moyen-Orient

mardi, 23 août 2022 proche-orient   eglises orientales   migrants   guerres   zones de crise  

Bagdad (Agence Fides) - La crise économique mondiale et la situation globale marquée par l'intervention militaire de la Russie en Ukraine ont également de graves répercussions sur le réseau des œuvres caritatives et sociales soutenues par les Églises du Moyen-Orient, donnant un nouvel élan à la fuite des chrétiens autochtones de la région du monde où Jésus est né, est mort et est ressuscité. Le cardinal irakien Louis Raphael Sako, Patriarche de l'Église chaldéenne, a tiré la sonnette d'alarme dans le discours par lequel il a inauguré les travaux du synode annuel des Évêques chaldéens, qui se tient à Bagdad du 21 au 27 août. Dans l'un des sept points sur lesquels il a articulé son discours, le Patriarche Sako a fourni des détails éloquents documentant les effets directs produits par la crise mondiale et la guerre en cours en Europe également sur la résilience économique des réseaux de solidarité de l'Église actifs au Moyen-Orient. "Cette situation, a remarqué le cardinal, a un impact négatif sur l'état économique de l'Église en Irak, en Syrie et au Liban", où toute la population est touchée par le chômage, la pauvreté et les restrictions des services d'eau et d'électricité. "Les ressources économiques des diocèses, a ajouté le Patriarche chaldéen, sont limitées. Les organisations caritatives qui nous ont aidés concentrent désormais leurs efforts en Ukraine. Les dons et les collectes sont très limités, les donations ne rentrent pas, les loyers des bâtiments, déjà très bas en soi, ne sont pas payés régulièrement... Même les élèves de nos écoles ont du mal à payer les frais de scolarité, et les chrétiens demandent que leurs enfants soient exemptés", de sorte que les revenus ne peuvent même pas couvrir le coût des générateurs électriques.
Le Patriarche Sako reconnaît que même pour les institutions ecclésiales, le patrimoine économique continue d'être représenté par des biens immobiliers, et se demande si le moment n'est pas venu de commencer à vendre ces actifs afin de faire face aux nouvelles urgences posées par ces temps difficiles. Le Cardinal rappelle que déjà lors du Synode annuel de 2021, la création d'un " trésor commun chaldéen " avait été prévue comme un instrument partagé pour faire face aux besoins croissants et aux situations de crise auxquelles sont confrontés les différents diocèses.
Dans son discours articulé, le Patriarche chaldéen Sako s'est écarté de la tentation de faire dépendre la continuité de la présence chrétienne au Moyen-Orient de solutions techniques conjoncturelles. S'adressant à ses confrères évêques, le Patriarche a rappelé l'appel commun "à porter notre responsabilité ecclésiale, humaine et nationale avec l'esprit du Christ et ses sentiments" ; une vocation qui ne peut être nourrie que par une "relation passionnée et vivante avec le Christ, Celui auquel nous avons été consacrés, comme Lui-même s'est consacré". Seule l'expérience de la grâce donnée par le Christ peut également soutenir les Évêques chaldéens dans l'accomplissement de "notre mission et de notre service avec générosité et désintéressement, dans un esprit d'unité, loin du particularisme et du désir de domination et de gloire". La direction pastorale des diocèses", a reconnu le Cardinal irakien, "ne peut être exercée sans pouvoir", mais cet exercice "ne doit pas conduire au despotisme et à la dictature", car l'autorité épiscopale est fondée "sur l'apostolicité" et s'exerce à travers une collégialité "qui s'étend à tous les membres du peuple de Dieu, prêtres, moines et moniales, laïcs et laïques". Le Patriarche a exhorté les Évêques chaldéens à exercer "un accompagnement paternel et non autoritaire envers les prêtres, comme on le fait avec ses enfants", en affrontant les contrastes et les difficultés "face à face". Les difficultés et les problèmes - a ajouté le cardinal - existeront toujours, comme au temps des Apôtres du Christ, mais ils doivent devenir des occasions de vivre la charité ", en gardant toujours à l'esprit que "la discipline est importante", tandis que "le désordre détruit”. (GV) (Agence Fides 23/8/2022)


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