ASIE/PAKISTAN - La société civile demande la libération d'un chrétien accusé à tort de blasphème

vendredi, 24 juin 2022 blasphème   société civile   droits fondamentaux  

Karachi (Agence Fides) - " Nous demandons la libération d'un chrétien pakistanais, Rehmat Masih, 44 ans, qui est en prison depuis cinq mois. Il est innocent et faussement accusé de profaner les pages du Coran. Les policiers doivent accomplir leur mission de manière impartiale, sans être influencés par des croyances religieuses. La loi sur le blasphème a créé une société dans laquelle les gens, y compris les plaignants et leurs partisans influents, se croient autorisés à se faire justice eux-mêmes, au mépris de l'État de droit. Le cas de Rehmat Masih est un autre exemple de la manière dont la loi sur le blasphème est détournée ou utilisée pour nuire à quelqu'un ", explique à l'Agence Fides Joseph Jansen, président de " The Voice for Justice ", une ONG qui suit le cas de Rehmat Masih.
Joseph Jansen déclare : "Il n'y a aucune preuve contre lui dans cette affaire ; l'homme a été battu et torturé pour lui extorquer des aveux pour un crime qu'il n'a pas commis. Dans le même temps, sa famille déménage vers une ville plus sûre, sous le poids du stress et du dénuement".
Rehmat Masih a été accusé de blasphème le 3 janvier 2022 pour avoir souillé et profané les pages du Coran et de livres islamiques chez Zam Zam Publishers à Karachi, où il travaillait comme agent d'entretien depuis une vingtaine d'années. Cette maison d'édition est réputée dans le monde entier pour la qualité de l'impression, de la publication, de la distribution et de l'exportation de livres islamiques depuis 1992.
L'affaire a débuté lorsque des policiers de la ville ont reçu une vidéo montrant des pages du Coran dans une bouche d'égout, le 25 décembre 2021. En arrivant sur le site et en découvrant ces pages, les policiers ont déposé un rapport d'information initial (FIR) contre des personnes inconnues, en vertu de l'article 295, paragraphe B, du code pénal pakistanais, qui punit l'acte de profanation du Coran.
Le 28 décembre, lorsque Rehmat Masih a repris le travail après les fêtes de Noël, la direction de l'entreprise l'a interrogé sur les pages du Coran trouvées dans les égouts. L'homme a dit qu'il n'en avait pas connaissance. La direction de l'entreprise a prétendu, en mentant, que Rehmat Masih avait reconnu son crime. Le 3 janvier 2022, des policiers ont arrêté Rehmat Masih et l'ont torturé pour lui faire avouer la profanation des pages du Coran.
Le 24 janvier 2022, le juge du tribunal de première instance a rejeté la demande de libération sous caution de Rehmat Masih, et lors de la récente audience du 31 mai 2022, le juge a enregistré sa déclaration, dans laquelle Rehmat Masih s'est déclaré "non coupable" des accusations portées contre lui.
Acceptant les doléances de plusieurs organisations de la société civile, Ilyas Samuel, célèbre militant des droits de l'homme et président de " Be the Light TV ", une chaîne de télévision chrétienne, a fait remarquer à Fides : " Cette affaire est pleine d'incohérences. Il n'y a aucun témoin oculaire, aucune preuve, aucune vidéo montrant Rehmat Masih jetant des pages du Coran dans la bouche d'égout. Rehmat Masih est faussement accusé. Nous prions et exigeons la libération immédiate d'un homme innocent".
Selon les statistiques publiées par le Centre pour la justice sociale (CSJ), de 1987 à décembre 2021, 1 949 personnes ont été inculpées en vertu des lois sur le blasphème au Pakistan, dont des musulmans, des chrétiens, des hindous et des ahmadis. Parmi elles, 84 personnes ont été tuées de manière extrajudiciaire, avant que leur culpabilité ne soit établie.
(AG-PA) (Agence Fides 24/6/2022)


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