ASIE/IRAQ - Kurdistan irakien, des pas en avant dans la lutte contre les expropriations illégales subies par les propriétaires chrétiens

jeudi, 18 novembre 2021 proche-orient   eglises orientales   zones de crise   minorités religieuses  

Dohuk (Agence Fides) - Dans la région autonome du Kurdistan irakien, la collecte de documents et de plaintes sur les expropriations illégales de biens immobiliers - maisons et terrains - subies ces dernières années par les propriétaires chrétiens se poursuit sans relâche. Les comités locaux ont entamé des procédures pour réaliser une cartographie détaillée des propriétés illégalement expropriées et pour acquérir des informations sur les titres de propriété des propriétaires légitimes et les circonstances concrètes dans lesquelles les expropriations illégales ont eu lieu.
Mercredi 17 novembre, Reber Ahmed, Ministre de l'Intérieur du gouvernement de la Région autonome, a donné une conférence de presse sur les résultats de la visite qu'il a effectuée dans le gouvernorat de Dohuk, afin de vérifier sur le terrain les procédures de collecte de données initiées par la Commission créée ad hoc en avril dernier, à l'initiative du gouvernement régional, dans le but de contrer le phénomène de la thésaurisation illégale de biens immobiliers appartenant principalement à des membres de communautés ethniques et de confessions minoritaires, à commencer par les chrétiens (voir Fides 14/4/2021).
Le ministre a confirmé aux médias qu'il avait reçu des informations encourageantes sur l'acquisition des plaintes et du matériel acquis dans cette phase préliminaire par les comités mis en place sur le terrain. Lors des réunions tenues avec les représentants des administrations locales - y compris celles du gouvernorat de Dohuk et de la ville de Zakho - il a confirmé la ferme intention du gouvernement régional de procéder à la restauration légale complète des droits de propriété violés au cours des dernières décennies au détriment des citoyens chrétiens et de ceux appartenant à d'autres groupes minoritaires. Le matériel collecté par les comités locaux sera soumis à la commission gouvernementale compétente, qui devra ensuite définir les procédures concrètes de restitution des terres et des maisons illégalement expropriées, avant et après la chute du régime de Saddam Hussein, à leurs propriétaires légitimes.
La mise en place d'une commission gouvernementale ad hoc chargée de vérifier et d'enrayer les expropriations illégales systématiques dont ont été victimes les propriétaires chrétiens au Kurdistan irakien (et plus particulièrement dans le gouvernorat de Dohuk) ces dernières années, a concrétisé une contribution du gouvernement de la région autonome en août 2020. La tâche confiée à la Commission est de collecter la documentation, en écoutant également les demandes et les justifications des parties impliquées, afin de dresser une véritable carte des propriétés des chrétiens soumis à des expropriations abusives au cours des années où toute la zone nord-irakienne a vécu l'expérience dramatique liée aux conquêtes des milices djihadistes de Daesh et à la création de l'autoproclamé État islamique.
Les expropriations à grande échelle de terres et de biens immobiliers appartenant à des familles chrétiennes syriennes, assyriennes et chaldéennes dans la région du Kurdistan d'Irak, rapportées par l'Agence Fides, ont été signalées avec une véhémence particulière en 2016 (voir Fides 14/4/2016 et 7/7/2016). Selon les plaintes déposées, les expropriations illégales étaient effectuées par des concitoyens kurdes, agissant individuellement ou de manière coordonnée avec d'autres membres de leur clan tribal. À l'époque déjà, le Dr Michael Benjamin, directeur du Nineveh Study Centre, avait signalé que dans le seul gouvernorat de Dohuk, il existait une liste de 56 villages où la superficie des terres prises illégalement aux familles chrétiennes s'élevait à 47 000 acres. Le 13 avril 2016, plusieurs centaines de chrétiens syriens, chaldéens et assyriens de la région de Nahla (gouvernorat de Dohuk) ont organisé une manifestation devant le Parlement de la région autonome du Kurdistan irakien (voir photo) pour protester contre l'expropriation illégale de leurs biens par des notables kurdes influents au cours des années précédentes, qui avait déjà été signalée plusieurs fois sans succès devant les tribunaux compétents.
Ces dernières années, les expropriations illégales ont surtout visé des terres et des maisons appartenant à des chrétiens qui ont quitté la région, surtout depuis les années 1980, pour échapper aux conflits régionaux et aux violences sectaires et tribales qui ont explosé avec plus de virulence après les interventions militaires des coalitions internationales. (GV) (Agence Fides 18/11/2021)


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