AFRIQUE/CAMEROUN - Violence croissante dans les régions anglophones, Évêques : "La vie ne semble plus avoir de valeur"

lundi, 18 octobre 2021 violence   enfance  

Bamenda (Agence Fides) - "C'est avec la plus profonde consternation et une grande tristesse que nous, Évêques de la province ecclésiastique de Bamenda, avons reçu l'effrayante nouvelle de l'assassinat brutal d'Enondiale Tehuengia Carolaise, une petite fille de première année de l'école de Molyko, à Buea, abattue par un policier juste devant la cathédrale de Molyko, alors qu'elle était conduite à l'école par sa mère. C'est ce qui ressort d'une déclaration officielle des Évêques des régions anglophones du Cameroun, signée par l'Archevêque de Bamenda, Mgr Andrew Nkea Fuanya, au nom de la BAPEC (Conférence épiscopale provinciale de Bamenda) et envoyée à l'Agence Fides.
L'Église locale lance un cri d'alarme désespéré après un nouvel épisode dramatique de meurtres de civils - en l'occurrence une petite fille d'à peine cinq ans qui se rendait à l'école en taxi, accompagnée de sa mère - qui augmente de jour en jour le nombre de morts, victimes innocentes du terrible conflit qui ensanglante la région occidentale du Cameroun depuis de nombreuses années. "Nous condamnons ces assassinats et réaffirmons la dignité de la personne et le droit fondamental et inaliénable à la vie, qui doit être respecté en toutes circonstances", peut-on lire.
Les premières reconstitutions de l'épisode semblent être le résultat de l'instabilité totale de ces régions du Cameroun. Selon Blaise Chamango, coordinateur de "Human Is Right", une ONG active dans le domaine des droits civils dans la région, le taxi qui emmenait la jeune fille à l'école a été arrêté par la police à un poste de contrôle. Certains affirment que le policier a exigé de l'argent pour permettre au véhicule de continuer. Le conducteur a repris sa route en s'éloignant des policiers. À ce moment-là, "l'un des agents a ouvert le feu et la jeune fille a été abattue et mortellement blessée", a déclaré Chamango.
Cet événement dramatique a multiplié les violences au sein de la population civile, qui a réagi avec véhémence. Malheureusement, le document des Évêques poursuit , la violence engendre la violence : une foule en colère a lynché le policier. Observant avec une grande consternation la spirale croissante de la violence causée par l'utilisation irresponsable d'armes par des agents qui devraient garantir la sécurité et par des groupes armés, nous demandons à tous de limiter la violence et une orientation appropriée des forces de police et de l'ordre ainsi qu'un plus grand sens des responsabilités des citoyens".
Contacté par l'Agence Fides, l'Archevêque de Bamenda a commenté le moment très délicat que traversent les régions anglophones du Cameroun : " L’Évêque de Buea est allé suivre la situation en personne et nous a informés, nous avons donc immédiatement ressenti l'urgence d'écrire une déclaration. Indépendamment de ce que le chauffeur du taxi a pu faire, il est inacceptable que des personnes tirent avec une telle facilité. En même temps, la réaction de la population, qui a lynché à mort le policier, montre que la vie est tenue en piètre estime dans notre pays, et c'est ce que nous voulons souligner et condamner : tout le monde ici se sent autorisé à violer la vie des autres. La police et l'armée doivent cesser de tirer sur les civils, elles sont là pour protéger les civils, pas pour les tuer ou les blesser. Pendant quelques jours, il y a eu beaucoup de tension, mais d'après les dernières informations dont nous disposons, la situation est en train de se décanter. Le problème est que de temps en temps, il y a de nouveaux affrontements et, surtout, la population en a assez. Il est temps d'arrêter cette spirale.
(LA) (Agence Fides 18/10/2021)


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