VATICAN - Le Pape François aux Évêques d'Europe : demandons l'aide des Saints, au lieu de nous plaindre des mauvais jours

vendredi, 24 septembre 2021 françois   mission   eglise catholique   saints   sainteté   sécularisation  

Cité du Vatican (Agence Fides) – “Beaucoup en Europe pensent que la foi est une chose déjà vue, qui appartiendrait au passé”. Ceci arrive “Parce qu’ils n’ont pas vu Jésus à l’oeuvre dans leurs vies. Et souvent ils ne l’ont pas vu parce que nous ne l’avons pas assez manifesté dans nos vies. Parce que Dieu se voit dans les
visages et dans les gestes des hommes et des femmes transformés par sa présence”. Ainsi, le Pape François a rappelé une fois de plus à tous les baptisés que la foi chrétienne est confessée et communiquée dans le monde par le témoignage, compris non pas comme la "mobilisation" et la "performance" d'un appareil et d'agents pastoraux, mais comme le reflet du changement que le Christ lui-même peut opérer dans la vie de ceux qui portent son nom. L'occasion saisie par l’Évêque de Rome pour reproposer le dynamisme intime de toute mission et de toute œuvre apostolique a été la concélébration eucharistique qu'il a présidée l'après-midi du jeudi 23 septembre dans la basilique Saint-Pierre avec les participants à l'assemblée plénière du Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe (C.C.E.E.), à l'occasion du 50e anniversaire de sa création. S'adressant aux Évêques appartenant à des Églises de fondation ancienne, le Successeur de Pierre a effectivement tracé les voies à suivre et les critères à respecter pour reproposer le salut annoncé par l'Évangile également à ceux qui vivent aujourd'hui dans les pays du Vieux Continent, marqués par des processus avancés de déchristianisation.
Le Pape François a rappelé avec réalisme les effets les plus frappants produits en Europe par la "déforestation" de la mémoire chrétienne. En Europe, a reconnu le Pape, les églises se vident et Jésus est de plus en plus oublié". Et ce n'est pas d'abord parce que les habitants actuels de l'Europe sont devenus plus mauvais, mais parce que personne ne leur donne l’appétit de la foi ni ne ravive cette soif qui est dans le coeur de l'homme : cette « soif inhérente et perpétuelle » dont parle Dante (Paradis, II, 19 et que la dictature du consumérisme, une dictature légère mais suffocante,essaye d’éteindre.”. Dans de telles conditions – a ajouté le Pape – Les chrétiens d'Europe semblent être pris dans une sorte de torpeur : ils apparaissent “tranquilles parce que dans le fond il ne nous manque rien pour vivre”, et ne semblent pas se laisser traverser par l'inquiétude qu'ils devraient ressentir à “voir tant de frères et sœurs loin de la joie de Jésus”.
Dans son homélie, le Souverain Pontife a évoqué de manière succincte et efficace les fausses solutions, les attitudes trompeuses et les réactions peu concluantes qui prévalent dans les milieux ecclésiaux face à la perte de tout rapport vital entre le christianisme et la vie réelle des populations européennes. La première des "mauvaises réponses" rapidement passées en revue par le pape est celle de ceux qui se plaignent du monde et accusent le mal des temps : “Il est facile de juger celui qui ne croit pas, il est commode de lister les raisons de la sécularisation, du relativisme et de tant d’autres –ismes. Mais, dans le fond, c’est stérile” a noté l’Évêque de Rome.. L'autre voie qui mène à l'égarement est celle du repli sur soi, qui cherche à se protéger et à se consoler en créant des îles heureuses, conçues comme des "mondes à part": “aujourd’hui en Europe” – a remarqué le Pape François - nous chrétiens avons la tentation de nous contenter de rester tranquillement dans nos structures, dans nos maisons et nos églises, dans nos sécurités données par les traditions, dans l’établissement d’un certain consensus”. Une introversion qui finit souvent par prendre la forme d'une auto-occupation ecclésiale, la dérive qui pousse beaucoup à “se concentrer sur les différentes positions dans l'Église, sur les débats, les agendas et les stratégies, et perdre de vue le véritable programme, celui de l'Évangile”. Ces réactions trompeuses ont souvent pour seul effet de dilater le désert. Parce que " si les
chrétiens, au lieu de rayonner la joie contagieuse de l'Évangile, proposent à nouveau des schémas religieux éculés, intellectualistes et moralistes, le peuple ne voit pas le Bon Pasteur. Il ne reconnaît pas Celui qui, amoureux de chacune de ses brebis, l’appelle par son nom et la cherche pour la mettre sur les épaules ”, a noté le Pontife.
Dans son homélie aux Évêques européens, le Successeur de Pierre ne s'est toutefois pas contenté de mettre en garde contre les tentations et la réactivité qui peuvent ensorceler l'appareil ecclésial. Le Souverain Pontife a également suggéré d'où pourrait provenir, par la grâce, un redémarrage du travail apostolique dans les terres européennes.
Tout d'abord, l'évêque de Rome a invité chacun à puiser à nouveau dans la "Tradition vivante" de l'Église, une source inextinguible qui n'a rien à voir avec les modes cléricales marquées par "ce 'restaurationnisme du passé qui nous tue, nous tue tous". S'appuyer sur la Tradition vivante de l'Eglise", a remarqué le Pape, "nous aide à regarder ensemble vers l'avenir, et non à restaurer le passé". " Nous devons repartir des fondations, des racines – ça oui, c’est vrai –, car c’est de là que l’on reconstruit : de la tradition vivante de l’Eglise qui se fonde
sur l’essentiel, sur la bonne nouvelle, sur la proximité et sur le témoignage. C’est de là que l’on reconstruit, à partir des fondations de l’Eglise des origines et de toujours, par l’adoration de Dieu et par l’amour du prochain, pas par ses goûts particuliers, pas par les pactes et les négociations que nous pouvons faire maintenant, disons, pour défendre l'Église ou défendre la chrétienté”, a insisté le Pape. Concrètement, a suggéré le Pape, il y a toujours eu dans l'Église une manière simple et privilégiée de puiser aux sources vives de la foi, qui consiste à regarder le visage des saints et à suivre les traces de ceux dans la vie desquels la grâce du Christ agit de manière efficace . Même les grands saints d'Europe, a rappelé le Pape François, ont mis en jeu leur petitesse, en se fiant à Dieu. Je pense aux saints comme Martin, François, Dominique, Pio dont nous nous
souvenons aujourd’hui ; aux patrons comme Benoit, Cyrille et Méthode, Brigitte, Thérèse
Bénédicte de la Croix. ". Tous, a souligné le Pape, ont vu leur vie changer en accueillant la grâce de Dieu. Ils ne se sont pas préoccupé des temps difficiles, de l’adversité ni des divisions, il y en a toujours eues. Ils n’ont pas perdu leur temps à critiquer ni à culpabiliser. Ils ont vécu évangile, sans se préoccuper d’efficacité et de politique. Avec la force venue de l’amour de Dieu, ils ont incarné son style de proximité, de compassion et de tendresse – le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse – ; et ils ont construit des monastères, fait fructifier la terre, redonné une âme aux personnes et aux pays > Aucun programme “social” entre parenthèses, seulement l’Evangile. Et avec l’Evangile ils ont continué.".
Aujourd'hui aussi, comme aux temps décrits dans les évangiles", a poursuivi le Pape dans la dernière partie de son homélie. “Cet amour divin, miséricordieux et bouleversant, est la nouveauté éternelle de l’Évangile. Et il nous demande, chers frères, des choix sages et audacieux faits au nom de la folle tendresse avec laquelle le Christ nous a sauvés. Il ne nous demande pas de démontrer, il nous demande de montrer Dieu, comme l'ont fait les saints : non pas en paroles mais avec la vie. Il demande prière et pauvreté, il demande créativité et
gratuité. Aidons l’Europe d'aujourd’hui, malade de fatigue – c’est la maladie de l’Europe d'aujourd’hui –, à retrouver le visage toujours jeune de Jésus et de son épouse.” (GV) (Agence Fides 24/9/2021)


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