ASIE/INDIE - Évêques asiatiques : le père Swamy est comme Gandhi, "Saint des pauvres", qui est mort "en véritable disciple du Christ"

mercredi, 7 juillet 2021 droits fondamentaux   jésuites   dignité humaine  

New Delhi (Agence Fides) - " Avec une profonde angoisse et une grande tristesse, nous pleurons la mort du martyr des marginaux, le Père Stan Swamy SJ. Son dernier mois de détention dans un lit d'hôpital jusqu'à ses derniers instants est la tragédie déchirante d'un homme innocent, persécuté pour avoir fait le bien. Sa détention a freiné son mouvement, mais avec sa mort, son héritage a été libéré, inspirant des milliers de personnes à travers l'Inde et le monde. Sa mission continuera et ne succombera jamais au mal " : c'est ce qu'écrit le cardinal Charles Maung Bo , archevêque de Yangon (Myanmar) et président de la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie (FABC), dans un message envoyé à l'Agence Fides, exprimant les condoléances et la solidarité au nom de tous les évêques asiatiques, après la mort du père jésuite indien Stan Swamy (voir Fides 6/7/2021).
Le Cardinal Bo note : "L'Inde a une histoire glorieuse, elle est le berceau de nombreuses religions du monde, mais elle a aussi une histoire blessée. Même le Mahatma Gandhi, le saint qui vivait pour les pauvres, a été arrêté et emprisonné en vertu des lois sur la sédition par les fonctionnaires britanniques. Gandhi lui-même est aujourd'hui le pivot de l'histoire de l'Inde. Nous sommes réconfortés par la pensée que le père Stan Swamy a également suivi la voie non-violente de Gandhi, avec un grand amour pour les parias. Il est le dernier saint des pauvres dans l'Inde moderne".
Selon le Cardinal, Stan Swamy a compris et vécu son sacerdoce en "étendant son autel aux rues, aux collines de ces coins détestables d'injustice, rompant le pain de la Bonne Nouvelle de la dignité humaine et de la justice, en particulier parmi les populations indigènes (les adivasis)". "Depuis trop longtemps, d'innocents membres des tribus se traînent le long d'une impitoyable via crucis que leur infligent la cupidité des entreprises et des lois injustes. Sa lutte inlassable pour libérer ces communautés marginalisées l'a conduit au sommet du Calvaire, à l'incarcération, aux privations et à la mort ultime. Il est mort en vrai disciple du Christ", note le texte.
Le président de la FABC conclut " sa mort met en lumière l'injustice qui devient la norme dans le monde : les populations tribales et indigènes sont sacrifiées pour les intérêts des multinationales et de leurs soutiens politiques. Même en Asie, de la mer de Chine méridionale aux régions centrales de l'Inde, une vaste étendue de terres de plusieurs millions d'hectares était habitée par des tribus indigènes. Pendant des milliers d'années, ils ont protégé les "poumons de l'Asie". Aujourd'hui, le virus écologique de la cupidité a déclenché une guerre contre ces terres et ces personnes. Le père Stan Swamy, est mort en accompagnant les tribus dans leur lutte et leur rêve. En le pleurant, nous nous engageons nous aussi pour un nouveau monde de justice et de paix."
Vinod Sushil Soreng SJ, jésuite de la province indienne de Ranchi, professeur au séminaire jésuite de Chennai, Tamil Nadu, et ami personnel de Swamy, ajoute dans un message envoyé à Fides : " Stan a été étiqueté comme terroriste, anti-national, responsable d'incitation à la violence et de violation de la loi et de l'ordre social ; il a été accusé d'être complice des Naxalites. J'ai honte de la manière dont il a été privé de justice à plusieurs reprises ces derniers mois. En tant qu'écrivain, penseur, érudit, il a dit de ne pas se taire lorsque les droits de quelqu'un sont violés, en particulier ceux des tribus et des personnes dépossédées. Il était un prophète intrépide, audacieux et infatigable de notre époque. Il a défié les institutions et les systèmes en posant des questions sérieuses et fondées afin que les droits des tribus et des dalits soient sauvegardés. Il disait souvent : si vous ne pouvez pas être solidaire de ceux qui souffrent ou à qui on refuse les droits fondamentaux à la vie, votre vie de religieux ou d'être humain n'est que superficielle. Reprenons son héritage : sa vie inspirera des générations à œuvrer pour la dignité et la justice dont sont privés les pauvres, les minorités et les peuples autochtones du monde entier." (PA) (Agence Fides 7/7/2021)


Partager: