ASIE/PAKISTAN - L'infirmière chrétienne accusée de blasphème défendue par des responsables religieux islamiques

mardi, 2 février 2021 blasphème   minorités religieuses   islam   dialogue   violence  

Karachi (Agence Fides) - « Il ne doit être permis à personne de se faire justice par soi-même, pas plus que d'abuser des lois sur le blasphème. Toutes les organisations religieuses et les responsables ont condamné les tortures infligées à l'infirmière chrétienne à l’hôpital. Le gouvernement du Pakistan ne tolérera pas ces abus ». C'est de qu'a déclaré Hafiz Tahir Mehmood Ashrafi, assistant spécial du Premier Ministre pour l'Harmonie religieuse, selon ce qu'a appris l'Agence Fides. Hafiz Tahir Mehmood Ashrafi, Président du Conseil des oulémas du Pakistan, a exprimé son indignation et sa douleur pour le traitement violent réservé à Tabitha Nazir Gill, chrétienne accusée de blasphème le 28 janvier alors qu'elle travaillait au Sobhraj Maternity Hospital, promettant une enquête attentive sur l'incident afin de vérifier tout abus.
Tabitha Nazir Gill a été accusée de blasphème par des collègues le 28 janvier au matin. Après quoi elle a été traînée sur le sol de l’hôpital, rouée de coups, menacée, ligotée et torturée pendant des heures jusqu'à ce que la police n'arrive dans l'établissement et ne la prenne en charge. Les agents de police, après une première enquête, l'avaient remise en liberté purement et simplement (voir Fides 29/01/2021). Cependant, le lendemain, ces mêmes agents ont enregistré un dépôt de plainte contre elle après des protestations de la part de groupes musulmans (voir Fides 30/01/2021), qui l'accusent d'avoir prononcé des phrases méprisantes à l'encontre d'Adam, d'Abraham et de Mahomet, un délit punissable au titre de l'article 295 C du Code pénal pakistanais.
Le responsable islamique Allama Shehryar Raza Abidi a condamné l'attaque et la violence dans un message vidéo consulté par Fides, en affirmant : « Cela a été une honte que de voir des femmes musulmanes qui frappent une chrétienne et utilisent un langage offensant vis-à-vis d'elle. Cette violence démontre leur extrémisme et leur fondamentalisme, qui ne sont pas des enseignements de l'islam, et communique un message et une image erronée de l'islam. Ce fondamentalisme n'a rien à voir avec l'islam, qui ne diffuse pas la violence ».
Partageant ses préoccupations à propos du cas récent de Tabitha Gill, Shehryar Raza Abidi cite le cas des exécutions sommaires intervenues par le passé, rappelant le cas du gouverneur du Pendjab, Salam Taseer, tué en 2011, seulement pour avoir constaté l'usage impropre des lois sur le blasphème. Il ajoute : « Si par ailleurs, les assassins sont transformés en héros de l'islam, c'est une chose triste qui endommage l'image de l'islam et du Pakistan. L'islam nous enseigne à être du coté des opprimés, à nous opposer à la violence, à protéger les faibles : en tant que disciple de Mahomet nous devons être miséricordieux ».
Le responsable musulman, exprimant sa préoccupation devant un extrémisme et un fondamentalisme croissants dans le pays, indique : « Les actions violentes n'offre pas le véritable message de l'islam et endommagent également nos générations futures. J'exhorte tous mes frères musulmans à être des messagers de miséricorde et à aimer témoigner l'islam authentique ». (AG-PA) (Agence Fides 02/02//2021)

Manifestation de groupes musulmans contre Tabitha Gill, accusée de blasphème

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