AFRIQUE/CAMEROUN - Vers une génération perdue à cause de la guerre de sécession de la partie anglophone du pays

vendredi, 23 octobre 2020 guerres   réfugiés   evacués   jeunes  

Yaoundé (Agence Fides) – Est en cours depuis 2016 une crise sociale et humanitaire dans les zones anglophones du Cameroun où vivent 20% de la population du pays. La crise naît d'une fracture historique entre la majorité francophone et la minorité anglophone qui s'est approfondie suite aux grèves d'octobre 2016 ayant concerné les enseignants et les avocats après l'envoi dans les régions anglophones de juges et d'enseignants francophones. La forte centralisation a provoqué un phénomène de “francisation” des administrations publiques et étatiques auquel a fait suite une diminution drastique du nombre des représentants politiques anglophones à l'intérieur des organes de prise de décision. La crise s'est transformée en tentative de sécession de la part de groupes armés qui affrontent encore aujourd'hui l'armée camerounaise, provoquant une crise humanitaire. Selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU, le nombre de réfugiés camerounais au Nigeria serait de 60.000. Ainsi que l'indique le Frère Eric Michel Miedji de la Congrégation des Petits Frères de Jésus de Foumban « la violence provoquée par la crise et la radicalisation des protagonistes est en grande partie due à la faible réponse du gouvernement : négation, mépris, intimidation, répression, incarcération et érosion de la confiance entre la population anglophone et le gouvernement, dans la mesure où une probable majorité des anglophone considère un retour au fédéralisme ou la sécession comme un résultat possible. Cette sale guerre, avec ses insupportables dimensions politiques, économiques et sociales, a eu des conséquences grave dont la fuite de la majeure partie de la population de ces régions en direction des pays voisins et des villes du Cameroun limitrophes de la zone anglophone. Selon des estimations, dans les villes et villages du Cameroun se trouveraient plus d'un million d'évacués, la majeure partie desquels sont des jeunes d'âge scolaire qui ne fréquentent pas les cours. Ils ont fui la violence, la lutte armée et les massacres pour chercher refuge dans des lieux sûrs et pacifiques ».
Ici, à Foumban, sont présents plus de 4.000 évacués, sans compter les enfants, des personnes qui risquent de se perdre. Après le traumatisme de la guerre, ils entrent dans l'aphasie du chômage et risquent de tomber dans la délinquance ou la prostitution. Les jeunes ne peuvent aller à l'école parce que leurs parents sont sans travail. « Nous – poursuit le religieux – suivons actuellement 250 jeunes que nous cherchons à former et à réinsérer dans leur milieu de vie aussi vite que possible. Cependant, nous nous sentons également impuissants. Si nous pouvions disposer d'un plus important soutien, nous pourrions trouver des solutions concrètes en vue du développement social et économique et de l'intégration des évacués ». (F.F.) (Agence Fides 23/10/2020)


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