VATICAN - La crise du Proche-Orient au centre de la vidéoconférence tenue pour la présentation du Rapport annuel de la Caritas Internationalis

vendredi, 17 juillet 2020 caritas   charité   corona virus   solidarité  

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Cité du Vatican (Agence Fides) – A l'occasion de la présentation du Rapport annuel « Caritas, la voix de ceux qui n'en ont pas, l'avenir dans le monde après le Covid-19 », qui s'est tenue hier 16 juillet, une vidéoconférence présidée par le Président de la Caritas Internationalis, S.Em. le Cardinal Luìs Antonio Tagle, et par le Secrétaire général, Aloysius John. Tous deux se sont attardés en particulier sur deux phénomènes requérant une intervention déterminante de la part de l'ensemble de la communauté : la dette internationale et les sanctions économiques au Proche-Orient (voir Fides 31/03/2020).
La rencontre a été ouverte par le Cardinal Tagle, qui a déclaré : « Je suis heureux de présenter le Rapport annuel 2019 à un moment crucial de changement. Cet événement se déroule également dans un esprit d'espérance envers l'avenir, surtout à un moment où l'humanité se trouve face à une grave crise sanitaire qui a frappé tout un chacun. Le Covid-19 a mis en évidence la fragilité de notre existence. Comme nous l'a répété le Pape François, nous nous trouvons devant un nouveau début et notre monde après le Covid-19 ne peut et ne doit plus être le même ».
« La pandémie a mis à dure épreuve notre organisation – a poursuivi le Cardinal – qui s'est trouvée face à une situation sans précédents qui aurait pu porter à l'interruption de nombreux programmes et même à la fermeture de certains bureaux. En revanche, chacune des 162 organisations de la Caritas opérant dans quelques 200 pays et territoires a été en mesure de répondre rapidement à l'urgence en renforçant ses programmes et en s'organisant afin d'atteindre les plus vulnérables, de prendre soin d'eux et de les informer à propos de la pandémie ».
« La Caritas Internationalis continuera à être la voix de ceux qui n'en ont pas et à promouvoir le développement humain intégral et l'écologie dans la droite ligne de l'Encyclique Laudato Sì, point central de notre action » a déclaré le Cardinal. « La Caritas invite tout un chacun, en particulier les responsables, à être prêts à affronter les conséquences dramatiques de cette pandémie, non seulement dans le secteur de l'assistance sanitaire mais également à intervenir dans les temps en faveur de millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Nous ne pouvons demeurer spectateurs de la détérioration des conditions de vie des personnes au Liban, en Syrie et dans d'autres pays du Proche-Orient. Les plus pauvres sont victimes de sanctions économiques et la menace du Covid-19 rend encore plus précaires leurs vies difficiles. La dette internationale des pays les plus pauvres de l'Afrique, de certaines zones d'Amérique latine et d'Asie, a eu d'importantes conséquences sociales et économiques ».
« La situation au Proche-Orient s'est aggravée drastiquement au cours de ces six derniers mois – a affirmé pour sa part le Secrétaire général de la Caritas Internationalis, Aloysius John. Les sanctions économiques et l'embargo sur la Syrie y ont contribué. Les prix ont connu une très forte augmentation, la population n'ayant pas les moyens d'acheter de la nourriture et la malnutrition se répandant alors qu'existe une colère croissante envers la communauté internationale. La situation est plus grave pour les plus vulnérables, en particulier les enfants, les femmes et les personnes âgées, déjà profondément touchés par la guerre, les tensions, le fondamentalisme et maintenant également par le Covid-19. Les sanctions contre la Syrie – mis en évidence Aloysius John – ont frappé également les pays voisins. Ces jours-ci, nous regardons tous avec une attention particulière la situation au Liban, qui a toujours constitué un modèle d'équilibre pour l'ensemble du Proche-Orient, un pays qui a toujours été « un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l'Orient et l'Occident » comme le disait Saint Jean Paul II. Bien que les sanctions et l'embargo ne soient pas imposés directement au Liban, les conséquences indirectes sur le pays – qui a des liens économiques étroits avec la Syrie – sont indéniables. En outre, le Liban a toujours été un centre essentiel pour l'envoi d'aides humanitaires à des pays tels que la Syrie et l'Irak et si la situation ne s'améliore pas, les conséquences pour l'ensemble de la région seront catastrophiques ».
Parmi les participants à la vidéoconférence, en compagnie du Père Michel Abboud, Président de la Caritas du Liban, se trouvait Rita Rhayem, Directeur de l'organisme, qui a réaffirmé le caractère critique de la situation dans laquelle se trouve le pays. « Le Liban affronte actuellement la pire situation économique qu'il ait jamais connu avec un nombre important de chômeurs et de personnes poussées sous le seuil de pauvreté. Cette crise économique est le résultat de nombreux facteurs et se trouve aggravée par l'effet de la propagation de la crise syrienne et des sanctions. Le pays, qui accueille un nombre important de réfugiés syriens et de travailleurs immigrés, est maintenant au bord du gouffre dans le silence total de la communauté internationale. Les aides sont liés à des réformes difficiles à réaliser ou qui demandent du temps » explique le Directeur de la Caritas locale. Entre temps, les libanais paient au prix fort et les immigrés et réfugiés souffrent. Ainsi que l'a affirmé le Pape François lors de l'Angelus du 28 juin dernier, « le Liban connaît une grave crise sociopolitique et économique, que la pandémie de Covid-19 a rendu encore plus difficile ».
Le Directeur de la Caritas du Liban a en outre indiqué que, alors que le monde cherche un traitement pour le Covid-19, la pandémie ne fait pas partie des priorités surtout parce que, au fur et à mesure que la crise progresse, des centaines de personnes ont commencé à chercher des alternatives pour gagner de l'argent pour manger. « On est retourné au troc. De nombreux pauvres ont commencé à s'échanger des vêtements et des chaussures contre de la nourriture ».
Le Département social de la Caritas du Liban surveille l'état des bénéficiaires vulnérables pour évaluer leur situation et fournir un soutien aux personnes les plus nécessiteuses. Toutefois il est impossible de répondre à toutes les demandes au cours des urgences à cause des ressources économiques et humaines limitées. Il existe un fort risque de fermer certains refuges et écoles et de licencier les salariés. Au cours de ces cinq derniers mois, le Département social de la Caritas du Liban, en coordination avec les jeunes, a distribué 11.293 colis alimentaires, 5.415 repas chauds et 3.012 tickets repas. En outre, la Caritas du Liban collabore avec la Fondation Maronite qui fournit des denrées alimentaires à distribuer dans différentes régions du Liban. Au moins de juin, le Département sanitaire a distribué 50.239 médicaments à 11.425 bénéficiaires dans tout le pays. La situation change dramatiquement d'un jour à l'autre et nous assistons à des scènes jamais vues au cours des années dans ce pays ». (AP) (Agence Fides17/07/2020)


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