ASIE/SYRIE - Reconnaissance et condamnation du Génocide arménien de la part du Parlement syrien

vendredi, 14 février 2020 proche-orient   eglises orientales   génocide arménien   terrorisme   géopolitique  

Armenian Genocide Museum

Image du Génocide arménien

Damas (Agence Fides) – L'Assemblée du peuple syrien, lors de sa séance du 13 février, a approuvé à l'unanimité une résolution qui reconnaît comme « génocide » la tragédie historique des massacres d'arméniens perpétrés dans la péninsule anatolienne au cours des années 1915-1916. « Le Parlement – indique un communiqué diffusé par les moyens de communication officiels syriens – reconnaît et condamne le génocide commis à l'encontre des arméniens par l'Etat ottoman au début du XX° siècle ».
Au travers du vote d'hier, la Syrie devient le premier pays arabe à reconnaître officiellement et aux plus hauts niveaux institutionnels la nature génocidaire des persécutions planifiées déclenchées voici 105 ans contre les populations arméniennes sur le territoire de l'actuelle Turquie. La résolution de l'Assemblée du peuple syrien arrive après des semaines de tensions entre Ankara et Damas, suite aux affrontements intervenus entre les forces militaires des deux pays en province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Dans ce cadre, l'armée syrienne a mis le siège devant les dernières zones contrôlées par des milices islamistes. La reconnaissance du génocide arménien de la part de la Syrie a provoqué la réaction immédiate et officielle de la Turquie. Hamy Aksoy, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères turc, a publié une déclaration particulièrement dure dans laquelle la résolution syrienne condamnant « ce qui est appelé génocide » arménien est qualifiée de « image de l'hypocrisie d'un régime qui, depuis des années, a appuyé tout type de massacre vis-à-vis d'un peuple, y compris à l'encontre des enfants ; d'un régime qui a causé la fuite de millions de ses compatriotes et qui est renommé pour son manque de scrupules en ce qui concerne l'usage des armes chimiques ».
Le 4 mars 2015, l'Assemblée du peuple syrien avait déjà dédié au Génocide arménien une « session commémorative ». L'initiative, promue en particulier par la parlementaire chrétienne Maria Saadeh, avait vu l'implication des membres des Comités parlementaires pour les relations étrangères et la participation de l'Ambassadeur de la République d'Arménie en Syrie, Arshak Poladyan, qui, dans son intervention, avait rappelé l'accueil reçu, cent ans auparavant, en Syrie par les arméniens qui fuyaient les massacres planifiés par le gouvernement des Jeunes Turcs.
Récemment (voir Fides 18/05/2019), un appel à retourner en Syrie et à reconstruire leurs maisons dévastées par le conflit avait été adressé par le Président, Béchar al-Assad, aux arméniens syriens qui, durant les années du conflit, avaient fui le pays, trouvant refuge au Liban, en Arménie ou dans d'autres pays du Proche-Orient et d'Occident. La requête explicite de rapatriement adressée aux réfugiés arméniens a été lancée par le responsable syrien à l'occasion de sa rencontre avec Aram I, le Catholicos arménien apostolique de la Grande Maison de Cilicie, reçu à Damas par le Président Assad le 14 mai. A cette occasion, les moyens de communication gouvernementaux avaient reporté également les éloges faits par le Chef de l'Etat syrien à propos de l'esprit patriotique des syriens arméniens, qu'il avait qualifié de « citoyens exemplaires ». Le Président syrien avait alors exalté la contribution qu'ils avaient apporté à la défense de l'unité nationale face aux tentatives de démembrement du pays qualifiées par le Président syrien de « barbaries terroristes ». Béchar al-Assad avait également comparé la brutalité attribuée par lui à ces « barbaries terroristes » à la férocité des massacres perpétrés par les ottomans à l'encontre du peuple arménien. (GV) (Agence Fides 14/01/2020)


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