AMERIQUE/HAITI - Prise de position de la Conférence épiscopale contre la trop grande inégalité sociale

Port-au-Prince (Agence Fides) – En préparation à la célébration de Noël, les Evêques de la Conférence épiscopale d’Haïti ont publié un Message dans lequel ils demandent aux autorités et aux responsables de l’opposition de faire preuve d’autocritique et de penser au bien du peuple pour parvenir à des solutions qui aient des répercussions historiques sur la dure réalité que connaissent les haïtiens.
Ce sont désormais plus de 40 morts qu’ont laissé derrière elles au cours de ces deux derniers mois manifestations et protestations qui finissent souvent par des affrontements violents, manifestations qui ont pour but de demander la démission du Chef de l’Etat, Jovenel Moïse. « Nous ne pouvons vivre dans un pays où n’existe ni routes, ni eau ni hôpitaux. Nous ne disposons d’aucun service » a déclaré à la presse internationale l’un des manifestants des mouvements désormais quotidiens.
Dans le message parvenu à Fides, les Evêques d’Haïti expriment leur solidarité aux haïtiens qui souffrent : les familles qui vivent le deuil après avoir perdu un certain nombre de leurs membres, ceux qui sont hospitalisés pour de graves problèmes de santé, ceux qui ont perdu leurs propriétés et ont dû quitter leurs maisons.
« Un changement est nécessaire et il doit porter à un nouvel Haïti, libéré des maux habituels qui l’ont toujours frappé et qui, aujourd’hui, arrivent à une intensité intolérable. Citons notamment : le chômage, la misère, l’insécurité, l’exclusion, l’impunité, la délinquance morale, la manipulation, la corruption, la répression et la violence » indique le texte.
La description de la situation est très claire et les Evêques la commentent selon la vision du croyant : « Nous savons que ce n’est pas là la volonté de Dieu. Le système voulu par Dieu et que nous désirons est celui qui tient compte du bien commun, du bien-être de tous les citoyens en leur offrant des chances égales de se réaliser comme personnes humaines faites de dignité. Ce système doit également être attentif à la souffrance des plus vulnérables et des petits, en promouvant le développement intégral et en appliquant des mécanismes promouvant une distribution équitable de la richesse parce qu’il est inacceptable que quelques-uns vivent dans une opulence arrogante et scandaleuse et que la grande majorité languisse dans une misère honteuse » dénoncent les Evêques.
Ils mettent par ailleurs en évidence la confiance des personnes, le courage et la capacité d’aller de l’avant avec détermination malgré des réalités telles que le chômage, la pauvreté, l’insécurité, l’exclusion, l’impunité et les effets des actes criminels. Pour l’Eglise, cette situation doit conduire à un nouvel Haïti.
En conclusion, les Evêques réfléchissent sur le mystère de l’Incarnation comme tournant historique : « Le Fils de Dieu est devenu homme. Dieu en a fait le Libérateur, le Sauveur de l’humanité. Oui, nous sommes à un tournant historique de notre évolution en tant que peuple et en tant que nation, afin de changer notre régime et notre système ».
« Nous prions pour vous tous, pour les grands acteurs de la scène politique du moment, de manière à ce que le Dieu Enfant vous inspire et que, grâce au sens d’engagement, nous puissions arriver à une normalisation de la vie nationale pour un Noël de joie et de paix, marqué par le rapprochement des extrême et par le réciproque dépassement d’eux-mêmes. Un Noël de ce type sera également le début d’une nouvelle année, bonne et heureuse pour tous ». C’est par ces vœux que les Evêques clôturent leur document, signé le 30 novembre et publié pour le début de l’Avent. (CE) (Agence Fides 03/12/2019)

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