ASIE/INDONESIE - Appel de l’Archevêque de Djakarta en faveur de la bonne politique et contre la corruption et la violence

samedi, 13 avril 2019 politique   droits fondamentaux   minorités religieuses   société civile   corruption   violence  

Djakarta (Agence Fides) – « Il faut distinguer entre bonne politique, dans le sens le plus élevé du terme, et la querelle électorale. En Indonésie, la bonne politique est masquée par la corruption déferlante qui implique hommes politiques, officiers, fonctionnaires civils et corps gouvernementaux. N’ayant plus de conscience morale, la population a perdu confiance en eux ». C’est ce qu’affirme à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Ignatius Suharyo, Archevêque de Djakarta et Président de la Conférence épiscopale d’Indonésie, à la veille des élections qui se tiendront le 17 avril alors que, dans les moyens de communication de masse, règne un débat enflammé entre les différentes factions au comble de la campagne électorale.
« La bonne politique – rappelle l’Archevêque – signifie participer à la compétition électorale de manière loyale et gérer le pouvoir de manière honnête et transparente au profit de tous les citoyens. Lorsque sont communes et répandues de mauvaises pratiques de violence et de corruption, se vérifie une crise morale généralisée. Les citoyens ne savent plus distinguer le bien du mal. En l’absence d’un guide moral, les personnes ne peuvent exercer une bonne vie sociale ».
« Dans cette situation, l’Eglise devrait encourager les laïcs catholiques, animés par les valeurs de la bonne politique, à s’impliquer dans les structures de gouvernement. En ce sens, l’implication des catholiques en politique devrait être pratiquée y compris de nos jours » indique-t-il, remarquant la présence de 151 candidats catholiques sur les listes électorales.
La politique peut et doit également être animée par un « sain nationalisme » explique-t-il, entendant ce terme de manière « inclusive » en tant que protection de la nation plutôt que par une idéologie nationaliste qui veut même exploiter le fanatisme religieux pour conquérir le pouvoir au détriment des minorités religieuses.
La nation, explique-t-il, appartient à tous les citoyens, quelque soit la religion qu’ils professent. Mgr Suharyo cite à ce propos « l’icône missionnaire » du Père Franciscus Georgius Josephus van Lith SJ (1863 - 1926), jésuite néerlandais et premier missionnaire en Indonésie, lequel, en vivant à Java, n’hésita pas à soutenir, en 1922, les javanais dans leur vive confrontation avec les autorités néerlandaises ayant colonisé l’archipel. Ce même esprit, rappelle l’Archevêque, se retrouve également en la personne de S.Exc. Mgr Albertus Soegijapranata SJ, premier Evêque indonésien autochtone qui a gouverné l’Archidiocèse de Semarang.
En Indonésie, entre temps, le climat politique s’est surchauffé et, à la veille des élections, le Général (2S) Prabowo Subianto, adversaire du Président sortant, Joko Widodo, a ouvertement sollicité au cours des derniers comices électoraux à contester le résultat du scrutin – alors que les sondages le donnent favori – invitant à des soulèvements et des révoltes populaires au lendemain des élections. Cet appel a été jugé grave et irresponsables par divers observateurs dans la mesure où il pourrait être porteur d’explosions de violence généralisée. (MH-PA) (Agence Fides 13/04/2019)


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