AMERIQUE/COLOMBIE - Prise de position du Provincial des Jésuites sur la protection du système pour la paix, « responsabilité la plus élevée de tous les colombiens »

samedi, 23 mars 2019 paix   situation sociale   politique   crimes de guerre   eglises locales   groupes armés  

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Prise de position du Provincial des Jésuites sur la protection du système pour la paix, « responsabilité la plus élevée de tous les colombiens »

Bogotá (Agence Fides) – Dans le contexte de fortes polémiques politiques et après les protestations publiques en faveur du processus de paix (voir Fides 21/03/2019), le Président de la Commission de la Vérité et Supérieur provincial des Jésuites, le Père Francisco de Roux, a publié une déclaration parvenue à l’Agence Fides, par laquelle il défend le rôle de la « Juridiction spéciale pour la paix » (JEP) menacé par les objections du Président de la République, Iván Duque.
La JEP fait partie du Système de Vérité, Justice, Réparation et Non répétition créé afin de favoriser la réconciliation nationale et une paix durable après le conflit armé interne ayant duré plus d’un demi-siècle. Dans le contexte actuel, les objections formalisées par le Chef de l’Etat ont causé un séisme politique et, selon le Père De Roux, ont remis en cause la stabilité du processus de paix.
En tant que partie intégrante du précité système, la JEP dispose du soutien de l’ONU, de son Conseil de Sécurité et « de tous les pays amis de la Colombie » a rappelé le Père De Roux dans un précédent entretien. Grâce à cette initiative de réconciliation nationale, affirme le prêtre, « la Colombie s’est gagnée une place d’honneur parmi les nations du monde en tant qu’exemple de recherche de la paix ». Il précise ensuite que « c’est la première fois qu’un Etat s’engage à faire la lumière sur une tragédie nationale » au travers de l’institution d’une Commission qui « est partie intégrante de l’Etat » lui-même. C’est pourquoi, affirme le jésuite, protéger le Système « constitue une très grande responsabilité pour nous tous. Nous avons besoin d’une JEP robuste, entourée de la confiance des institutions et des citoyens et respectée dans son autonomie ». Le prêtre adresse ensuite un appel aux hommes politiques et à la population en invitant à « continuer à soutenir de manière décidée la coexistence et la réconciliation » et à éviter de politiser la paix en la transformant en « terrain de polarisation et de haine ».
« Le processus qu’a entrepris la Colombie est en marche et il est irréversible » affirme-t-il. « Il a mis fin à des milliers de morts, à des massacres et à des évacuations ». Aux guérilleros des FARC, désormais devenu un parti politique qui avaient qualifié les objections présidentielles de « incitation à la guerre », le jésuite a demandé de ne pas perdre la confiance. « La paix n’est pas une affaire de partis mais elle est entre les mains des citoyens » et « ne s’arrêtera pas ».
Entre temps, le 21 mars, la Cour constitutionnelle s’est déclarée dans l’impossibilité de décider de la constitutionnalité des objections faites par le Chef de l’Etat tant que ne sera pas achevée la procédure parlementaire de la loi cadre. « Maintenant, j’espère que le Parlement agira rapidement » conclut le jésuite.
Les accords de paix entre l’Etat colombien et les FARC ont porté au désarmement de quelques 7.000 combattants, à la démobilisation de 13.000 guérilleros, miliciens et collaborateurs et ont évité la mort de quelques 3.000 personnes par an sans compter les blessés et les évacués. A compter du 28 mai 2018, les commandants de l’organisation de guérilla ont commencé à comparaitre devant la JEP qui, outre à constituer un système de réparation pour le victimes, offre aux responsables d’actes criminels tant de la guérilla que des groupes paramilitaires et des forces armées, des garanties et des peines que la justice ordinaire ne prévoit pas. (SM) (Agence Fides 23/03/2019)


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