ASIE/TERRE SAINTE - Appel du Ministre des Affaires étrangères palestinien en visite au Vatican en faveur d’une conférence sur Jérusalem organisée par le Saint-Siège

samedi, 17 février 2018 proche-orient   eglises orientales   jérusalem  

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Juifs priant au Mur des Lamentations à l'occasion du 64° anniversaire de l'indépendance d'Israel, le 27 avril 2012

Rome (Agence Fides) – La décision unilatérale de l’Administration américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale exclusive de l’Etat d’Israël « mine actuellement la possibilité de parvenir à des résultats positifs dans le cadre des négociations de paix » parce qu’elle introduit dans le conflit « une dimension religieuse qui complique ultérieurement la situation ». Israël « profite de la décision du Président américain, Donald J. Trump, pour augmenter la pression sur la présence chrétienne au sein de la Ville Sainte ». C’est pourquoi il convient que le Saint-Siège convoque une conférence sur Jérusalem, en appelant les chefs et les représentants de toutes les Eglises et communautés de baptisés à réaffirmer que les chrétiens ne renonceront pas aux intérêts qui les lient pour toujours à la Ville où le Christ a été crucifié et est ressuscité. Telle est la proposition que Riyad al Maliki, Ministre des Affaires étrangères palestinien, a soumis à l’attention de ses interlocuteurs au Vatican dans le cadre des rencontres qui ont eu lieu le 15 février au Palais apostolique avec le Secrétaire d’Etat de Sa Sainteté, S.Em. le Cardinal Pietro Parolin, et avec S.Exc. Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les Rapports avec les Etats. « Dans le cadre des rencontres avec S.Em. le Cardinal Parolin et avec S.Exc. Mgr Gallagher – indique à l’Agence Fides le Ministre palestinien – nous avons concentré notre attention sur les conséquences de la décision du Président Trump d’assigner Jérusalem à Israël comme capitale et de reconnaître un lien exclusif entre Jérusalem et l’hébraïsme, mettant de côté le lien de la Ville Sainte avec chrétiens et musulmans et ignorant le fait que Jérusalem devrait être également la capitale de la Palestine ». Selon Riyad al Maliki, la décision unilatérale des Etats-Unis mine la possibilité même d’un résultat positif des négociations visant à mettre un terme au conflit israélo-palestinien. « Nous avons tenté pendant longtemps – a expliqué le Ministre palestinien – de conserver le conflit sur le terrain politique. Maintenant, la décision du Président américain introduit dans le conflit une dimension religieuse et ceci complique ultérieurement les choses ». Avec la décision de l’Administration américaine, le conflit ne demeure plus limité aux rapports entre israéliens et palestiniens mais prend fatalement des dimensions mondiales en ce que, désormais, « tout musulman, en Indonésie, en Malaisie ou au Sénégal, ressentira la responsabilité et l’obligation de faire quelque chose pour protéger ses intérêts religieux » dans la Ville Sainte.
Selon le représentant du gouvernement palestinien, « Israël profite actuellement de la décision américaine un peu plus chaque jour et a commencé à mettre en œuvre à Jérusalem des mesures contre la présence des Eglises locales pour rendre plus difficile leur existence, en imposant des taxes sur les propriétés ecclésiastiques, en gelant leurs comptes bancaires et en visant à prendre le contrôle de leurs propriétés. Pour nous – a poursuivi Riyad al Maliki – ces pressions visent à pousser les Eglises locales en dehors de Jérusalem et à modifier le profil historique de la Ville, pour en faire une ville qui ne soit plus partagée entre juifs, chrétiens et musulmans ». Le Ministre a cité de nombreuses interventions récentes faites notamment par le Pape François en faveur du maintien du statu quo – l’ensemble d’us et coutumes sur lequel se fonde la coexistence entre les différentes communautés religieuses à Jérusalem depuis l’époque de l’Empire ottoman – ainsi que la déclaration émise le 14 février par les Patriarches et chefs des Eglises faisant état de leur contrariété aux projets de taxation des propriétés ecclésiastiques de la part de la municipalité de Jérusalem (voir Fides 15/02/2018). Cependant, jusqu’ici – a ajouté Riyad al Maliki – les initiatives locales et celles du Saint-Siège « n’ont pas été suffisantes pour convaincre le Président Trump à revenir sur sa décision » et les chrétiens palestiniens, sous pression, « se sentent abandonnés ». C’est pourquoi – a-t-il souligné – « nous estimons qu’une Conférence organisée par le Saint-Siège en invitant différentes Eglises à exprimer leur préoccupation pour Jérusalem serait particulièrement importante, afin de faire entendre fortement la voix des chrétiens et de faire comprendre à l’Administration américain que les chrétiens ne renoncent pas à leurs droits et à leur lien avec la Ville Sainte ». (GV) (Agence Fides 16/02/2018)


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