ASIE/INDE - Document final de la XXIII° Assemblée générale de la Conférence épiscopale d’Inde contre le « nationalisme religieux » et pour une urgente défense de la vie

lundi, 12 février 2018 eglises locales   evêques   situation sociale   sectarisme  

CBCI

Bangalore (Agence Fides) – La foi catholique en Inde est arrivée grâce à de grands saints et à des Apôtres tels que Saint Thomas et Saint François Xavier. Dès lors, « l’Inde est ce qu’elle aujourd’hui également grâce au Christianisme ». Aujourd’hui, la nation est appelée à rejeter un nationalisme religieux qui a produit des violences et des atrocités sur les femmes, les dalits, les minorités religieuses et suivre « un nationalisme authentique qui peut conduire la mère patrie à une véritable paix dans l’harmonie, le progrès et la prospérité », dans le respect de la dignité et des droits de tout être humain. C’est ce qu’a affirmé S.Em. le Cardinal Baselios Cleemis, en présentant hier, 11 février, le document final de la XXIII° Assemblée générale de la Conférence épiscopale d’Inde (CBCI), qui rassemble les Evêques des trois rites présents au sein de la nation (latin, syro malabar et syro malankare).
Le document souligne que les membres de l’Eglise aiment l’Inde et les indiens à l’imitation de Jésus : « L’Eglise croit que toutes les personnes sont nos frères et sœurs, comme Jésus Lui-même nous l’a enseigné : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (cf. Mt 22, 39). L’émancipation des pauvres et la promotion de la dignité humaine constituent deux valeurs reconnues par notre Constitution et elles sont également prises en considération par l’Eglise dans le cadre de sa mission ». Le Cardinal a ensuite mis en garde contre le fait que « toute tentative visant à promouvoir le nationalisme basé sur une culture ou une religion particulière est une position dangereuse. Elle peut porter à l’uniformité mais jamais à une véritable unité. De tels efforts mal conçus peuvent seulement conduire notre nation sur le chemin de l’autodestruction ». La recherche de la paix, du progrès et du développement, surtout dans un pays comme l’Inde, caractérisé par une grande diversité de cultures, de langues, de races et de religions, ne pourra jamais trouver sa réponse dans le mono culturalisme, a-t-il souligné, rappelant que « tôt ou tard, la violence retombe toujours sur le violent ».
A ce propos, le document déplore le nombre croissant « d’atrocités commises contre les femmes, d’homicides, de rivalités de castes et de violences collectives, y compris les attaques perpétrées contre des institutions et des communautés chrétiennes ». Il rappelle également que « le nationalisme authentique respecte la dignité humaine de tout citoyen, indépendamment de sa situation économique, de sa culture, religion, région ou langue ».
Le Cardinal Cleemis lance par suite un appel urgent « à toutes les personnes de bonne volonté afin qu’elles soutiennent l’Etat de droit garanti par notre Constitution indienne », manifestant sa satisfaction et sa volonté de collaboration avec le gouvernement « dans tous ses efforts visant à maintenir la loi et l’ordre dans notre pays, à garantir le progrès et le développement de tous et la protection de l’environnement ». Le Cardinal réaffirme par suite avec force que « la communauté chrétienne soutient la valeur absolue et transcendante de la vie humaine, qui constitue un précieux don de Dieu. Dès lors, une agression contre la vie humaine ne peut jamais être inspirée par Dieu ni justifiée sur la base des diverses croyances et pratiques. La vie humaine de toute personne au sein de notre bien-aimée mère patrie doit être prise en considération et défendue ».
Seule la miséricorde de Dieu « peut guérir les cœurs humains blessés, tisser à nouveau les rapports interrompus entre les personnes et les communautés, soulever de la misère ceux qui ont été oppressés pendant des siècles » poursuit le texte. En cette situation, les disciples du Christ décident « d’être d’authentiques témoins de la miséricorde qui est l’essence même de l’Evangile et la manifestation du discépolat chrétien », comme Sainte Thérèse de Calcutta et la Bienheureuse Sœur Rani Maria. « Dans le cadre de notre service à la nation et en particulier aux dalits, aux populations tribales et aux autres strates arriérées, nous chrétiens unissons nos mains à celles de nos compatriotes pour assurer l’authentique développement humain de notre peuple, qui est mesuré sur l’échelle du développement humain et non pas simplement par l’économie standard ».
Pour vivre « dans l’unité au milieu de la diversité, tant dans l’Eglise que dans le pays », les Evêques d’Inde présentent enfin une série d’indications dont : la nécessité de renforcer la communion entre les laïcs, les religieux et les prêtres ; d’accompagner les familles dans leur mission évangélisatrice dans le monde et en faire le point central du ministère pastoral de l’Eglise ; de transmettre aux jeunes la vision d’une authentique vie chrétienne pour leur permettre de jouer leur rôle dans l’Eglise et dans la société ; de préparer des séminaristes, prêtres et religieux à être d’authentiques témoins de la miséricorde dans l’Eglise et dans la société ; de valoriser toute occasion permettant de promouvoir le dialogue entre les religions ; d’encourager et de motiver les laïcs afin qu’ils soient engagés de manière active dans le monde ; de continuer à rendre notre service dans le domaine de l’éducation, qui représente un mission de miséricorde et d’appliquer la All India Catholic Education Policy 2007 de la CBCI afin de diffuser les valeurs de l’Evangile.
Dans la conclusion, sont cités tant le Bienheureux Paul VI que le Pape François, lorsqu’ils indiquaient que « l’Eglise existe pour évangéliser ». Le texte réaffirme que « même si nous affrontons de nombreux graves défis et des coups d’arrêt pour l’unité dans la diversité de notre pays, nous sommes fiers d’être indiens. Nous aimons notre pays et nous continuons à prier constamment pour lui et son bien-être ». (PA/SL) (Agence Fides 12/02/2018)


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